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Ma Gestion du Risque Emotionnel

  • Photo du rédacteur: Ilana
    Ilana
  • 21 mai
  • 8 min de lecture
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Lorsque j'ai commencé à investir en tant que particulier, j’ai appliqué la stratégie du barbell de Nassim Taleb : j’ai placé la majeure partie de mon capital dans des actifs ultra-sécurisés pour protéger ce que je ne pouvais pas me permettre de perdre, et j’ai réservé une petite portion à des investissements à haut risque et potentiellement haut rendement.

À mesure que mon capital augmentait, j’ai pu me permettre d’investir une plus grande part dans des actifs risqués, tout en maintenant une base solide.


Cela s'est avéré être une stratégie efficace — que j’applique aujourd’hui aussi sur le plan émotionnel.


La stratégie du barbell : Protéger et parier intelligemment

La stratégie du barbell de Taleb recommande de placer la majeure partie de son épargne dans des actifs ultra-sécurisés, et une petite portion dans des actifs à haut risque et haut rendement. Ce que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre est protégé. Ce que vous pouvez perdre est investi de façon plus audacieuse. On évite les actifs moyens, qui sous-performent souvent et ont tendance à se recorréler en période de crise.


La même logique s’applique à la vie émotionnelle :

  • Protégez votre capital émotionnel central : routines de soin, liens stables, loisirs régénérants

  • Investissez une petite partie de votre énergie dans des paris à haut potentiel : thérapie transformatrice, nouvelles amitiés, conversations vulnérables, projets créatifs


Évitez de vivre uniquement dans la zone de risque "moyen" — ce type de vie qui semble diversifié mais ne l’est pas vraiment : des emplois qui épuisent sans inspirer, des relations familières mais peu nourrissantes, des liens stables mais creux.



Construire sa base : Ce qui rend le risque possible

En finance, on commence par protéger ses fondamentaux : couvrir son loyer, sa nourriture et sa retraite par des revenus stables et des investissements à faible risque. Ce n’est qu’ensuite que l’on peut se permettre de prendre plus de risque.


Sur le plan émotionnel, nous avons aussi besoin que nos besoins de base soient couverts de manière pérenne avant d'envisager des pas audacieux.


Cette base repose sur :

  • Des ancrages internes : estime de soi, régulation émotionnelle, dialogue intérieur sain, habitudes stabilisantes

  • Des soutiens externes : amis, loisirs, famille, nature, spiritualité

  • Des repères d’orientation : valeurs claires, communauté, sentiment de sens


Ce sont vos "actifs émotionnels patrimoniaux".


Une fois en place, vous pouvez prendre des risques émotionnels : engager une conversation difficile que vous repoussez, poser une limite, explorer de nouvelles relations, ou laisser partir ce qui ne vous correspond plus. Vous pouvez survivre au rejet ou à l’échec, car votre équilibre ne dépend pas de ce seul résultat.



L’énergie est un capital

Comme un capital financier, notre temps et notre énergie sont des ressources limitées.


La règle de Marc Fiorentino — paie-toi d’abord — s’applique ici aussi. En finance, cela signifie investir dans nos fondations, rembourser nos dettes, et se constituer une réserve avant de dépenser pour le superflu.


Dans la vie, cela veut dire s'assurer d’être suffisamment ressourcé avant de donner son énergie aux autres.

Sans devenir rigide, pose-toi régulièrement la question : cette action ou cette relation est-elle alignée avec mon bien-être à long terme ? Est-elle nourrissante ou épuisante ?


Voici quelques fuites d’énergie fréquentes :

  • Passer trop de temps devant la télé ou sur les réseaux (surtout à débattre avec des inconnus)

  • Des relations à sens unique, où l’échange n’est pas réciproque

  • Des comportements addictifs qui anesthésient sans nourrir

  • Des blessures émotionnelles non guéries, qui siphonnent notre énergie en arrière-plan


Protéger son temps et son énergie n’est pas égoïste — c’est intelligent. C’est ce qui nous permet de croître avec clarté et solidité.


Et tout comme un capital financier non investi s’érode avec l’inflation, une énergie non investie ou mal investie s’épuise avec le temps. En vieillissant, nos ressources physiques et cognitives diminuent, et chacun rencontrera tôt ou tard des limites imposée par une santé déclinante.

C’est pourquoi le meilleur moment pour apprendre à gérer et à investir ton énergie émotionnelle… c’est maintenant.



Les corrélations invisibles : l'illusion de la sécurité

L’un des dangers en finance, ce sont les corrélation cachées — lorsque des actifs apparemment indépendants s’effondrent tous en même temps lors d’une crise. C’est pourquoi une vraie diversification est essentielle.


Sur le plan émotionnel, le même phénomène peut se produire. Beaucoup pensent être diversifiés : amis, travail, partenaire, loisirs. Mais si tout cela est lié — si vos amis sont aussi vos collègues, votre partenaire fait partie du même cercle social, et vos activités sont partagées — vous êtes en fait plus fragile.


Une rupture, un changement professionnel, ou un conflit peuvent déclencher un effondrement systémique. Non pas parce que vous aviez trop peu de choses, mais parce que tout était trop lié.


Surconcentration émotionnelle

Un autre piège courant ? Une surexposition émotionnelle à une seule source de sens ou de soutien.


Parfois, c’est un partenaire amoureux. On entame une nouvelle relation et, peu à peu, on concentre toute son énergie émotionnelle dans ce lien. On fait tout ensemble — travailler, sortir, voyager. Cette fusion est en réalité une surconcentration émotionnelle.

Cette personne devient la seule source de plaisir, de soutien, d’identité, de futur. Et si la relation s'effondre, la perte n’est pas seulement romantique. Elle est existentielle.


Cela peut également se produire de manière plus subtile : lorsque nous attachons toute notre identité à une carrière, une communauté, ou un rôle social. Si toute notre valeur personnelle, notre reconnaissance et notre sentiment d’utilité viennent d’un seul endroit — que nous ne contrôlons pas entièrement — nous devenons vulnérable à quelque chose qui nous échappe.


C’est l’équivalent émotionnel de mettre 90 % de son argent dans une seule action. Cela peut sembler brillant — jusqu’à ce que ça ne le soit plus.


Diversifie tes ancrages

La résilience émotionnelle ne vient pas du fait d’avoir des centaines de contacts. Elle vient d’avoir des ancrages non corrélés :

  • Des amis issus de contextes différents

  • Des projets personnels qui ne dépendent de personne

  • Un sens du but plus vaste que n’importe quel rôle ou relation

  • Des pratiques qui te régulent, peu importe qui est présent ou absent


Il ne s'agit pas de s'éparpiller mais de répartir son énergie avec sagess.



Quand l’intérieur nourrit l’extérieur

En chemin, j'ai découvert que plus je devenais résiliente émotionnellement, moins j’avais besoin de sécurité financière pour me sentir en sécurité.


Et en y repensant, je réalise qu’à mes débuts, même si j’ai appliqué la stratégie du barbell, j’étais globalement restée sous-exposée au risque.

Pas par manque de stratégie — mais parce que je ne me sentais pas suffisamment solide intérieurement.

J’avais besoin de garanties extérieures pour apaiser mon système nerveux. La moindre instabilité financière pouvait déclencher un sentiment de menace profond.

Je ne faisais pas qu’investir : je cherchais à me protéger. Je gérais mon capital comme un bouclier émotionnel.


A mesure que j’ai renforcé ma sécurité intérieure — par un travail intérieur sur mes blessures et des actions concrètes pour identifier et satisfaire mes besoins, par des activités stables et des liens nourrissants — j’ai pu prendre plus de risques, sans panique.

Et ces risques, aussi bien financiers qu’émotionnels, ont fini par porter leurs fruits.



Rediriger son énergie : quand une ressource est rare

Il est très difficile de gérer le risque quand on est à la fois épuisé émotionnellement et tendu financièrement.


Lorsque l'on est relativement à l’aise sur l’un de ces deux axes, il est judicieux d'utiliser cette position confortable et utiliser une ressource pour renforcer l’autre.


  • Si tu es stable financièrement, utilise ce levier pour investir dans ta croissance émotionnelle : une thérapie efficace, des expériences de vie, de l’expression créative ou du repos.

  • Si tu es riche émotionnellement — c’est-à-dire que tu disposes de solides soutiens internes et externes — utilise cette énergie pour développer des compétences valorisables, explorer de nouvelles voies professionnelles ou élargir ton réseau.


Ces deux formes de capital peuvent se soutenir mutuellement.

Quand l’une est forte, elle peut aider à renforcer l’autre.



Patience, inconfort, pertes et reconstruction

Einstein disait : "L’intérêt composé est la huitième merveille du monde. Celui qui le comprend le gagne… celui qui ne le comprend pas le paie." 

On le réalise quand on souscrit un prêt avec ce qui semble être un petit pourcentage de taux d'intérêt. Au fil du temps, les intérêts cumulés s'élèvent à une somme équivalente au prix du bien !


En finance, les intérêts composés peuvent générer des rendements exponentiels, non pas par des coups d'éclat spectaculaires, mais par une accumulation discrète de valeur, régulièrement réinvestie avec rigueur.

Les gains peuvent sembler modestes au début, mais ils s’accélèrent avec le temps et la constance.


C’est la même chose dans la vie.

On ne peut pas transformer toute sa vie en quelques mois.

Mais en quelques années, avec un travail intérieur régulier et un réinvestissement constant de son énergie disponible, on peut créer des changements profonds, durables et réels.

La croissance demande de la patience.


Comme le dit Warren Buffett :

“Le marché boursier est un mécanisme de transfert d’argent des impatients vers les patients.”

Et c’est pareil pour la croissance intérieure.

Poser des limites, commencer une thérapie, apprendre de nouvelles compétences, faire le deuil d’un lien, quitter un emploi ou une relation qui ne te nourrit plus — ce ne sont pas des choix faciles.

À court terme, ils sont souvent plus douloureux que de rester dans le statu quo.

Mais à long terme, ils produisent clarté, résilience et alignement.


La croissance est souvent inconfortable et requiert souvent de traverser de l’inconfort à court terme pour un bénéfice à long terme.


Et comme en investissement, parfois, nous perdrons.

Toutes les prises de risque ne seront pas gagnantes.

Prendre des risques émotionnels, c’est aussi s’exposer à des rejets, à des pertes. On doit parfois pleurer, digérer, encaisser ou sentir l’inconfort de la vulnérabilité.


Parfois il faut prendre le temps de reconstituer sa trésorerie — ou sa bande passante émotionnelle — avant de faire un nouveau pas.

Mais cela fait partie du chemin. Ce n’est pas grave tant que l'on ne se retrouve pas hors d'état de rejouer.


C’est dans ces moments-là que notre système de soutien révèle toute sa valeur — comme un matelas de sécurité en période de crise.


Active ton filet intérieur : compassion envers toi-même, routines saines, pratiques qui t’ancrent.

Et mobilise ton soutien extérieur : amis fidèles, famille, nature, communauté..

Ce ne sont pas des signes de faiblesse.

Ce sont tes réserves.



Bilan de portefeuille : version émotionnelle

Un bonne gestion de portefeuille est un processus vivant, qui demande des réajustements réguliers.


On doit régulièrement se poser des questions telles que :

  • Mon portefeuille est-il toujours bien diversifié?

  • Ai-je des fuites de trésorerie ?

  • Suis-je surexposé à un type de risque ?

  • Quel est mon scénario catastrophe, et suis-je prêt à l'encaisser ?

  • Est-ce que je prends suffisamment de risque par rapport à mon capital ? Ou est-ce que je suis trop prudent ?

  • Est-ce que je détiens des positions que je ne choisirais plus aujourd’hui, à la lumière des informations dont je dispose aujourd'hui ? Devraient-elles être redimensionnées, ou liquidées ?


Dans la vie aussi, ces bilans sont précieux. Tu peux te demander :

  • Est-ce que je cultive différents types de soutien, ou est-ce que je dépends trop d’un seul ?

  • Ai-je des fuites d'énergie ? Est-ce que je consacre du temps, de l’attention ou des ressources à des choses qui ne me nourrissent plus — un travail, une activité, une relation — simplement par habitude ?

  • Mes routines de santé mentale me font-elles vraiment progresser, ou me maintiennent-elles simplement dans ma zone de confort ?

  • Si une personne ou une zone de ma vie s’effondre, est-ce que j’ai d’autres piliers pour m’appuyer ?

  • Est-ce que je me sens assez stable pour prendre un nouveau risque émotionnel ? Est-ce le moment d’avoir une conversation difficile, de poser une limite, d’apprendre quelque chose de nouveau, ou de commencer un accompagnement ?

  • Est-ce que je m’accroche à des choses qui ne me nourrissent plus ?


Le risque n’est pas un problème en soi. Il est même nécessaire.

Mais un risque mal géré, lui, crée de la fragilité.


La résilience émotionnelle, comme la force financière, se construit par des expositions bien choisies, des marges de sécurité, et des rééquilibrages réguliers.

Nous n'avons pas à fuir le risque émotionnel.

Nous avons juste besoin de l’apprivoiser.



Consolide ta base, puis ose prendre des risques

Que ce soit en finance ou dans la vie, le risque n’est pas quelque chose à craindre — c’est quelque chose à comprendre et à façonner.

Avec une base solide et une exposition réfléchie, le risque devient un catalyseur de croissance, pas une menace pour notre survie.


Construis ta sécurité intérieure. Diversifie tes ancrages émotionnels. Réévalue ton portefeuille régulièrement. Reste engagé dans ce processus.


Et, quand le moment est juste, ose prendre le risque qui pourrait changer ta vie.


 
 
 

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